La SFV et ANRS|MIE récompensent des thèses soutenues l’année précédant les JFV et des affiches présentées lors des journées francophones.
Retrouvez les photos des remises de prix (et les résumés après accord des lauréats).
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Les résumés seront publiés dans la revue Virologie (JLE)
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Le virus Usutu (USUV) et le virus West Nile (WNV) sont deux arbovirus émergents appartenant au genre Flavivirus de la famille des Flaviviridae. Phylogénétiquement proches, ils partagent le même cycle de transmission, qui implique des moustiques ornithophiles et différentes espèces d’oiseaux. Ils peuvent également se propager chez les mammifères, dont l’Homme, mais ces infections constituent des impasses épidémiologiques. WNV est endémique dans le monde entier et a récemment provoqué des épidémies majeures aux États-Unis et en Europe. USUV est quant à lui devenu endémique dans plusieurs pays européens, où il est responsable d’importantes épidémies aviaires et d’un nombre croissant de cas humains sporadiques. Ces deux virus sont considérés comme des menaces potentielles sérieuses pour la santé humaine et animale.
Comme tous les virus, la réplication d’USUV et WNV est efficacement inhibée par l’interféron de type I, in vitro. L’activité antivirale de cette cytokine n’est pas directe, mais s’exerce via l’induction de gènes regroupés sous le terme d’ISGs (Interferon Stimulated Genes). Alors que l’on ne connait que quelques ISGs capables d’interférer avec la réplication du WNV, aucune étude n’a jamais été entreprise dans le cas d’USUV. Afin d’identifier les effecteurs de l’effet antiviral de l’interféron vis-à-vis des virus WNV et USUV, nous avons criblé une librairie de plus de 1000 ISGs d’origines humaine, simienne et bovine. Ce crible a permis d’identifier plusieurs ISGs avec un potentiel antiviral. Outre certains ISGs déjà décrits comme étant capables d’inhiber d’autres Flavivirus, nous avons également pu identifier certains candidats dont l’activité antivirale n’avait jamais été décrite. De façon intéressante, nous avons aussi pu déterminer qu’USUV était insensible à certains ISGs qui inhibent efficacement la réplication de WNV. Nos travaux actuels visent à élucider le mode d’action des facteurs antiviraux identifiés et à comprendre comment USUV résiste à certains d’entre eux.
Bats are natural reservoirs for numerous emerging zoonotic viruses, including the potential ancestor of SARS-CoV-2. Immune features facilitating antiviral responses and tolerance towards viral infections are believed to enable bats to harbor viruses without pathogenesis. The vast species diversity of bats is, however, often underestimated, and findings generalized. Mapping innate immune effectors in different bats may thus provide a broader understanding of their ability to sustain viral infection.
Bat cell lines belonging to seven species (Eptesicus fuscus, Eptesicus serotinus, Eidolon helvum, Myotis myotis, Nyctalus noctula, Rhinolophus alcyone and Rhinolophus ferrumequinum) were stimulated with a synthetic dsRNA ligand to activate innate immune pathways. RT-qPCR analysis of conserved mammalian immune genes confirmed that all cells responded to stimulation. A comparative polyA+ RNA-Seq transcriptomic study of stimulated bat cells, as well as one human cell line for comparison, was then performed. Hundreds of differentially expressed genes (DEGs) were identified in each cell line. A common core set of 83 DEGs was shared by all bat cells, including previously described conserved mammalian immune genes. Hundreds of DEGs, however, were bat family- and species-specific. Several bat DEGs were not previously reported as innate immune genes in humans or other vertebrate species and may thus be bat-specific immune genes. RT-qPCR analysis to validate the levels of expression of promising DEGs across all stimulated bat cells are on-going. Loss-of-function studies to decipher the role of these genes in bat cells infected with bat flaviviruses and bat coronaviruses are also on-going. These newly identified genes represent promising targets to decipher bat specific immune mechanisms and might be potential antiviral effectors.
This study reveals the diversity of innate immune mechanisms in place in bat cells and opens up new lines of research to characterize the molecular mechanisms by which bat cells control viral replication.
Le sperme humain renferme plus de 30 espèces virales, dont des arbovirus (ré)-émergents pouvant y être excrétés de façon prolongée malgré leur clairance systémique (Le Tortorec et al., Physiol. Rev. 2020). Le virus Chikungunya (CHIKV) est un arbovirus émergent d’importance en santé publique, pour lequel une explosion des cas d’infections a été reportée dans le monde ces dernières décennies. Récemment, la présence du CHIKV a été rapportée dans le sperme de 6 patients jusqu’à 56 jours post-symptômes (Martins et al., PLoS Negl. Trop. Dis. 2022). Dans cette étude, nous avons étudié le tropisme du CHIKV pour le testicule humain.
Grâce à notre modèle unique de culture organotypique associé à une analyse de la réplication virale par quantification du génome viral et des particules infectieuses produites, ainsi que in situ en RNAScope, nous avons mis en évidence le potentiel infectieux du CHIKV dans des explants testiculaires humains ex vivo. A l’aide de marqueurs cellulaires, nous montrons un tropisme majoritairement pour les cellules du tissu interstitiel, dont les cellules de Leydig productrices de testostérone, ainsi que pour les cellules péritubulaires bordant les tubes séminifères. Cette infection ex vivo ne révèle pas d’impact majeur sur la morphologie de l’organe lors des 9 jours de culture et induit une large réponse antivirale couplée à une réponse pro-inflammatoire minimale dans les explants de testicule, sans effet cytopathique. Nos résultats préliminaires chez le macaque Cynomolgus montrent in situ l’infection du testicule par le CHIKV dès 2 jours après l’inoculation in vivo. Chez des patients infectés (n = 17), nous observons à l’inclusion des concentrations sériques de testostérone significativement plus faibles qu’à 8 et 21 jours post-inclusion, sans modifications significatives des taux de LH.
Ces résultats indiquent un tropisme testiculaire du CHIKV et suggèrent que l’infection du testicule par ce virus pourrait altérer la production hormonale des hommes infectés.
En Europe, le virus de l’encéphalite à tique (TBEV), un Flavivirus principalement transmis par la tique Ixodes ricinus, est responsable d’environ 3000 infections humaines annuelles. Malgré sa simplicité moléculaire (une dizaine de protéines et un génome à ARN monocaténaire positif de 11 kilobases), TBEV est capable d’infecter à la fois la tique et l’humain, deux espèces très distantes phylogénétiquement. A ce jour, les mécanismes conférant à TBEV, et aux arbovirus en général, la capacité d’infecter à la fois un arthropode et un vertébré ne sont pas résolus.
L’objectif de ces travaux est d’élucider les mécanismes moléculaires dirigeant l’infection par TBEV chez l’humain et la tique, en se focalisant sur l’identification des protéines cellulaires interagissant avec le génome viral. Pourtant moins étudiées que les interactions entre protéines virales et cellulaires, les interactions entre ARN viral et protéines hôtes sont cruciales pour le cycle viral. Le génome à ARN, support de la multiplication virale, détourne des facteurs cellulaires pour assurer sa traduction et sa réplication. Il sert également d’indicateur pour des senseurs et effecteurs cellulaires spécifiques permettant d’éliminer l’infection.
Nous avons cartographié l’interactome protéique humain et tique du génome de TBEV par ChIRP-MS, une technique novatrice permettant d’identifier les protéines liant l’ARN viral in cellula, en contexte infectieux. Nous avons mis en évidence de nombreuses interactions virus-hôte, dont certaines jamais caractérisées. Nous analysons à présent le rôle fonctionnel des interactions les plus robustes par ARN interférence en lignées humaine et tique, afin de définir leurs impacts sur le cycle de TBEV.
Notre étude comparative devrait permettre de découvrir de nouveaux facteurs de dépendance ou de restriction de l’infection par TBEV, dont certains pourraient être conservés chez les deux hôtes, et plus généralement d’apporter un éclairage sur la capacité des arbovirus à alterner entre hôtes mammifère et arthropode.